MADEMOISELLE LENORMAND

Un patrimoine caché

MADEMOISELLE LENORMAND

Création journées européennes du patrimoine 2012 à Alençon

« Si ce n’est impossible, ça se peut ! » Citation de Scribe dont Mademoiselle Lenormand avait fait sa devise

De son vivant, cette cartomancienne était célèbre à Paris et dans les cours d’Europe. On lui reconnaissait des qualités de devineresse et une intelligence réelle dans sa capacité à analyser le caractère des hommes et des femmes, du plus bas socialement au plus impliqué politiquement. A chacun de ses passages en prison, le peuple venait la soutenir et réclamait sa libération quand les grands de son temps venaient la consulter jusque dans sa cellule. Un seul endroit au monde refusait de la reconnaître : Alençon. Pourtant aujourd’hui encore, chaque année, des milliers d’exemplaires de ses jeux de tarot se vendent partout dans le monde : sur leur tranche on y lit « Mademoiselle Lenormand was born in Alençon ». Tout le paradoxe de ce personnage complexe et passionnant est là et c’est notre propos : donner l’occasion à une ville de rencontrer l’une de ses figures historiques oubliées.

les Ouranies théâtre

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A travers trois tableaux et un intermède, le destin de cette femme romanesque est mis en jeu sur trois modes dramaturgiques : théâtre de foire, théâtre d’effigie et théâtre déclamatoire avec atmosphère sonore. Des prémisses d’une Révolution accouchée dans la douleur à la chute de Napoléon, le spectateur est invité à rencontrer une femme érudite en avance sur son temps, sûre de ses convictions, qu’elles soient ésotériques ou politiques, et prête à les défendre envers et contre tout.

A 14 ans Mademoiselle Lenormand découvrait le théâtre en assistant à la prestation d’une troupe de forains. Toute sa vie elle cherchera à se rapprocher de cet art, se désirant tour-à-tour actrice ou auteure et tirant les cartes aux célébrités de la Comédie Française. Nous en avons fait notre argument principal. Elle part donc à Paris pour le théâtre d’abord, mais aussi pour retrouver son voisin d’enfance, Jacques-René Hébert, l’enfant terrible du quartier Saint-Léonard, dont elle est persuadée qu’il brille dans les coulisses de la capitale.

Nous commençons donc sur un tréteau : Mademoiselle Lenormand arrive du public et rentre dans l’histoire. Au gré des scènes, le regard du spectateur est invité à pénétrer dans une proposition artistique de plus en plus focalisée, pour donner toute son ampleur et son ambiguïté au personnage. Melle Lenormand pratiquait la cartomancie et la nécromancie, deux techniques occultes. Cette matière ésotérique échappant au rationnel est redonnée dans le dernier tableau, par la mise en résonnance du texte – inspiré de ses mémoires – avec les façades de la Maison d’Ozé, patrimoine du XVème siècle. Dans l’atmosphère nocturne des jardins, interprétation théâtrale et musicale,  lumière et création sonore travaillent à mettre en vibration le lieu de la représentation. Tout est mis en œuvre pour convoquer le fantôme de Mademoiselle Lenormand au cœur même de la ville qui l’a vue naître il y a plus de deux siècles.

Virginie Boucher

 

Création soutenue par la Ville d’Alençon